Lucie Delarue-Mardrus et Marcel Proust,sentinelles de la Côte fleurie

"Honfleur,Calvados, Normandie, France"...

Quelques mots sur Honfleur et la Normandie : ces noms propres ne sont guère insignifiants pour qui sait se laisser aller aux associations d'idées, d'images...
La Normandie, région à l'identité incertaine, haute et basse, entre terre et mer, s'annonce en "norme" et s'achève en "dandy", façon Baudelaire (hôte de Honfleur) ou Brummel (à la mode de Caen)... Convention et conformisme d'un côté, donc; fantaisie, originalité et transgression de l'autre.
Quant à "Honfleur", qui commence par l'impersonnel "on" (celui de la rumeur, celui des on-dit), il s'épanouit artistement en "fleur", se trouvant par là éponyme d'une Côte dite "fleurie"... Il ou elle? Honfleur le port? Honfleur la ville?
La Côte fleurie, toute de clairs-obscurs, s'étend de Honfleur-"Port Noir" (plus vieilles appellation lisible sur les cartes antiques: Portus Niger ou Portus Icchius) à Cabourg-Balbec, soit de la lumière impressionniste de l'estuaire à l'ombre des jeunes filles en fleurs de la Recherche, entre deux figures littéraires qui semblent garder cette bande de terre contre les assauts tempétueux et dévastateurs de l'Océan.

Ces deux sentinelles ont pour noms Lucie Delarue-Mardrus et Marcel Proust. Certes, leurs notoriétés respectives ne font pas un équilibre, mais la force du symbole l'emporte sur toute autre considération. Si l'on n'a pas à présenter l'homme de la Recherche, on se doit en revanche de sacrifier quelques lignes à Lucie.

A Honfleur, nul ne peut sérieusement écrire sans rendre un hommage appuyé à celle dont l'ombre s'étend sur sa ville natale et sur son port. Partout, dans les ruelles étroites et tortueuses, sous les toits d'ardoises et derrière les murs aux colombages si pittoresques, sous le pavé des voies, elle est là, bien présente.

Elle habite les lieux de sa naissance, qu'elle a su honorer de sa plume avec talent. Lucie, femme de génie et de courage, esprit libre envers et contre tous, indomptable amazone, tendre âme tourmentée, le ciel et la mer te doivent bien des images. Par la plume mieux que par l'épée tu as vécu et tu as su dire ce qui faisait le fond de toi-même, mais aussi ce qui habite chaque être ici-bas: cette incertitude, ce doute, cette hésitation. Ce regret?

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