Voici un banc, essayez-vous !

Assis sur un banc de bois dans ce grand jardin près de la Seine, près de l'estuaire, près de la mer, je tournais le dos à l'ancien phare qui jadis appelait les bateaux bien mieux qu'une sirène.
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L'eau calme d'un étang se ridait sous les coups répétés d'un petit vent porteur d'embruns, tandis que les roseaux pliaient mais ne rompaient point!
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Roseau parmi les roseaux, je pensais, je songeais, je rêvais en laissant mon regard planer avec les mouettes parmi les nuages, là-bas, les merveilleux nuages impressionnistes...
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Etais-je au bord de la Méditerranée dans l'attente d'un soleil qui se serait offert une incursion en apnée dans les fonds inexplorés ? Non, plutôt dans la cour d'une mosquée où tinte l'eau d'une source purificatrice... Ou dans un sanctuaire bouddhiste peuplé d'écureuils et de cigales! Non... dans le jardin des simples d'un monastère disparu, parmi les plants de ciboulette, de mandragore et de ciguë...
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Le Havre, Port 2000 à ma droite. Des bateaux passent au loin. Porte-conteneurs au destin allaisien : la "mise en boîte" permanente, et cela à l'échelle de la planète, le long des routes maritimes RTW ("round the world") dont la Manche est de loin la plus fréquentée.
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L'horizon devant moi, le Havre, puis l'Océan mondial. Honfleur ville ouverte et port d'attache, lieu de transit, à cheval sur le "local" et le "global", se dématérialise, devient virtuelle et prend les dimensions de l'univers.
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Tout devient flou, bizarrement fluide, et je comprends que j'ai été happé depuis Honfleur dans un de ces trous noirs... Ce sont les portes d'entrée de la noosphère, de cet esprit planant sur le monde qui est l'Internet par excellence.
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Dans le virtuel, tout le monde se retrouve toujours. Au jardin des célébrités de Honfleur, ou peut-être ailleurs, un banc libre vous tend les bras...
Essayez-vous!

(photos Danielle Rousset-Boiteau (c))

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